Elsa Couteyer: L’objectif est de repolitiser, révolutionner l’accompagnement et changer le monde. Un projet limitant.
Elsa Couteyer: Comment monter le volume ensemble.
Elsa Couteyer: On va donc déconstruire les normes. Et je veux que ça change. Chère accompagnante et accompagnant du Turfu, bienvenue à bord, Ezakotei Speaking, ton accompagnante vénère préférée, pour un nouvel épisode d’Accompagnante, le podcast qui révolutionne l’accompagnement pour changer le monde. Que cela soit en solo ou avec des intervenantes complices, ici on dit que l’accompagnement est politique et qu’on est là pour faire bouger les choses. Et on t’invite à les faire bouger avec nous et à créer une communauté engagée et fière de l’être. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode, on se retrouve de l’autre côté après cette dose de popopopower. Bonjour tout le monde et bienvenue dans cet épisode d’Accompagnante qui marque le début d’une conversation profonde, celle de la déconstruction et de la reconstruction de nos pratiques et au-delà. Aujourd’hui, je vous invite à plonger dans la première partie de notre table ronde « I et Wow, je déconstruis ma pratique » enregistrée le 26 septembre dernier lors du Punchline Festival. Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’accueillir quatre de mes consoeurs de la pilule rouge, un espace de formation créé par Selma Sardouk et Anne Favier, qui accompagnent les professionnels de l’accompagnement dans la réinvention de leurs pratiques avec une perspective décoloniale et engagée. Vous allez donc découvrir les parcours inspirants de Stéphanie Campisi, de Virginie Carné-Bernard, de Clémence Petit, de Lucie Bonato et de moi-même, Elsa Couteiller. Nous partageons dans cette première partie ce qui nous a poussé à rejoindre la pilule rouge et nos premiers ressentis, entre I et Wow, face aux transformations que ce processus de déconstruction-reconstruction a amorcé en nous. Je vous encourage à écouter cet épisode avec le cœur grand ouvert et l’esprit curieux. La déconstruction-reconstruction est un chemin courageux qui demande de naviguer entre des prises de conscience inconfortables et de belles libérations. J’espère que l’énergie et la sincérité de cette table ronde résonneront en vous et vous apporteront des pistes et des échos pour nourrir votre propre démarche d’accompagnement. Si cet épisode vous inspire, n’hésitez pas à soutenir le podcast en laissant un commentaire ou une note sur votre plateforme d’écoute préférée. Vos retours sont précieux, non seulement pour soutenir mon travail, me donner de l’énergie et du boost, et également pour faire vivre et grandir cette aventure collective qui est accompagnante. Belle écoute à vous tous, et prenez bien soin de vous.
Elsa Couteyer: Bonjour tout le monde et bienvenue à cette table ronde autour de la Pilule Rouge, un espace de formation nécoloniale qui invite à repenser en profondeur nos pratiques d’accompagnement. Aujourd’hui, j’ai l’immense privilège et plaisir d’accueillir des membres engagés de cet espace pour partager leur parcours, leur prise de conscience et leur transformation. Je vous présente donc Stéphanie Campissi, Clémence Petit, Virginie Carné-Bernard et Lucie Bonato. Je vais d’abord revenir avec vous sur qu’est-ce que c’est que la pilule rouge, en très résumé. La pilule rouge, c’est un espace créé par Sel Massardouk et Anne Favier. C’est un espace en ligne d’estimer vos accompagnants et vos accompagnantes qui souhaitent déconstruire leur pratique et les ancrer dans une approche décoloniale. Ici, on ne se contente pas d’accompagner, on fait le choix de questionner notre place dans le système, d’élargir notre regard et d’incarner un accompagnement plus juste, plus humain et plus éthique. Et donc la question aussi que je vous propose, c’est pourquoi cette table ronde aujourd’hui ? C’est pour vous proposer, si jamais vous sentez que parfois vous êtes en décalage avec les systèmes oppressifs qui traversent notre société et votre activité, si quelque part vous cherchez à ajuster votre posture pour mieux accompagner ou simplement si vous êtes curieux ou curieuse de découvrir un autre regard sur l’accompagnement, bienvenue ! On est ravis de vous retrouver ici. Notre objectif d’aujourd’hui, c’est de partager avec vous nos expériences, nos aïe et nos wahou de notre parcours et de vous montrer comment l’approche des coloniales peut radicalement changer notre manière d’accompagner et j’ai même envie de dire notre manière de vivre. Donc attendez-vous quelque part à des partages bruts, sincères, parfois inconfortables, mais toujours dans une volonté de transformation collective, vous donner des billes aussi pour pouvoir peut-être plus concrètement ce qui se passe dans la pilule rouge. Dites-vous que c’est un petit peu aussi la première fois pour nous toutes, on va revenir, ou c’est un espace vraiment où c’est la première fois, on va revenir individuellement et collectivement sur toutes ces questions-là, sur tous nos parcours, tous nos how et nos wow. On n’a pas eu encore finalement l’occasion de vraiment le faire. Donc si jamais vous sentez que parfois on bug un peu, qu’on est ému ou que je ne sais quoi, c’est juste qu’on est des personnes humaines qui avons vécu des trucs assez forts depuis quelques mois et qu’on vous en parle d’une manière assez transparente. Je vous propose d’ouvrir grand vos oreilles, votre cœur et votre esprit. On va déconstruire ensemble pour mieux reconstruire et surtout n’hésitez
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Elsa Couteyer: pas à poser vos questions ultérieurement parce que ça sera aussi un moment important pour vous. C’est parti, je vais démarrer avec une première question. Je vais me tourner vers mes collègues de la pilule rouge, Stéphanie, Clémence, Virginie et Lucie. Est-ce que vous pouvez vous présenter en vous situant et puis aussi en nous parlant brièvement de votre parcours en tant qu’accompagnante et de ce qui vous a amené à vous inscrire à la pilule rouge ? Qui veut démarrer ?
Clémence Petit: J’y vais, mon micro est ouvert. Je suis Clémence, je suis une femme cis-blanche, je suis née en Charente. J’ai fait toute une partie de mes études à Paris et un peu à l’étranger et je suis revenue m’installer en Charente. Après une dizaine d’années à travailler dans un bureau d’études associatif. Je travaillais sur les politiques publiques, essentiellement d’accès aux droits. politique sociale, familiale. Et puis le système m’a épuisée. Je me suis formée au coaching. J’ai commencé à accompagner et j’ai enchaîné différents types de formations. Il y avait quelque chose qui me laissait sur ma faim. Et puis un jour, j’ai écouté le podcast d’Elsa, je crois spécifiquement. J’ai commencé par lire Politiser le bien-être de Camille Test, puis à écouter l’interview de Camille Test dans le podcast d’Elsa, puis à écouter l’interview de Selma Sardou dans le podcast d’Elsa. Et je me suis renseignée sur la pilule rouge et il y avait un starter pack, enfin une première formation de base qui approchait et je me suis inscrite et donc ça fait un an maintenant que je suis dans la pilule rouge. Donc pour moi ça fait trois cycles. On va commencer le quatrième cycle thématique là bientôt. Et peut-être j’ajoute que je suis maman. aussi, parce que c’est important, en couple avec un homme cisracisé, donc maman d’une petite fille métis. Et ça joue beaucoup puisque, comme tu l’as dit, la pilule rouge, ça a transformé mon accompagnement, ma posture, mais aussi ma posture dans la vie. Ça a eu pas mal de répercussions dans ma famille, dans mes relations interindividuelles, dans mon engagement militant. Pour moi, tout ça est très lié, en fait.
Stéphanie Campisi: Génial.
Elsa Couteyer: Merci Clémence.
Virginie Carné-Bernard: Je vais prendre la suite, si c’est OK Stéphanie aussi. Donc moi c’est Virginie, je suis aussi une femme cis, blanche, valide. Je suis mariée avec une femme, j’ai une petite fille que j’ai portée, qui a 4 ans et demi. J’ai un TDAH qui a été diagnostiqué très tardivement à 40 ans, donc l’année dernière, dans la case des neuro-atypies et je suis toujours en process d’intégration de cette information. J’ai grandi en banlieue parisienne et j’ai vécu la moitié de ma vie d’adulte, on va dire, enfin plus de la moitié de ma vie même à Paris et du coup avec tous les privilèges qui vont avec. Aujourd’hui je suis à Montpellier, ça fait un peu plus de six ans que j’ai quitté la région parisienne. Moi, mon parcours, je ne vais pas vous le faire en détail parce qu’il a été, mais du coup je le comprends maintenant avec mon TDH, mais il a été fait de multiples couches un peu partout, à droite à gauche, de mille métiers différents. Je peux quand même dire que ma formation de base ne me prédestinait pas à être accompagnante. A la base, ma formation, c’est de la psychologie contemplative. Donc, c’était vraiment un objectif pour moi de d’abord travailler sur moi, de d’abord travailler mon rapport au monde, à mes émotions, à mes souffrances, etc. Et puis, c’est petit à petit que ça s’est que ça s’est installé comme ça quand en toute dernière année, on nous a demandé de faire un programme, un dossier d’accompagnement entre guillemets, à présenter un practicum de fin d’année. Je me suis mise à accompagner à la fois des collectifs et des personnes individuelles et puis j’y ai pris goût. une grossesse passant, un Covid passant, un déménagement passant. Je me suis installée à Montpellier, je me suis dit, j’arrête tout là, le salariat et tout, c’est fini, je m’installe. Et donc, je me suis installée et en fait, pilule rouge, je l’ai découvert. Pour être honnête, je me suis vachement longtemps posé la question et je ne serais pas capable de faire un chèque comme Clémence Tu vois, de comment ça s’est passé petit à petit, j’ai l’impression que c’est plus ou moins le hasard qui m’a amenée sur le compte d’Anne. Et en fait, à l’époque, il y avait un poste qui m’a vachement fait tiquer sur l’appropriation culturelle, où elle parlait, en fait, je crois, d’une fête d’école d’un de ses enfants avec un totem indien, quoi. Et je fais des guillemets.
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Virginie Carné-Bernard: quand je dis indien, et où elle a expliqué pourquoi c’était de l’appropriation culturelle, pourquoi c’était problématique, etc. Et je me suis dit, tiens, c’est bizarre. Un, je ne me suis jamais posé la question. Deux, je ne connais même pas le terme d’appropriation culturelle. Trois, j’ai la sensation que c’est aussi problématique, mais je ne sais pas pourquoi. Et du coup, de fil en aiguille, je me suis renseignée. J’ai vu qu’il y avait cet espace de pilules rouges qui existait et j’ai mis à peu près six mois, enfin bien six mois avant de m’y inscrire. J’ai vraiment tourné autour du pot en me disant, ça a l’air quand même vachement bien, j’ai l’impression que j’en ai besoin. Mais ça aussi, ça a été un truc à procéder. Voilà, je crois que j’ai fait tout.
Lucie Bonato: Je vais prendre la suite si c’est ok pour toi Stéphanie. Alors moi je suis Lucie, je suis doula, je fais encore un petit peu d’énergie éthique mais c’est plus mon activité principale. Et je suis une personne blanche, je suis parent de trois enfants, dont un qui est né au cours de mon parcours de la pilule rouge. Et moi, comme Virginie, je ne saurais pas remonter où exactement j’ai retrouvé les informations pour m’inscrire à la pilule rouge, mais je sais que c’est à travers Anne-Fabien Barthélé sur son compte. Et j’ai fait partie avec Elsa justement et d’autres de nos barces, des premières personnes à rejoindre la pilule rouge. Je dirais que dans ma pratique et dans mes apprentissages, je sentais qu’il y avait plusieurs choses déjà qui n’étaient pas cohérentes avec la personne dans laquelle j’étais. Le milieu des doulas, etc. Il y a un milieu qui trempe énormément de le New Age, les énergies féminines, etc. Et c’était quelque chose dans lequel je ne me reconnaissais pas vraiment, plus vraiment. et énormément de colonialité. Et quand Anne et Selma ont proposé l’espace de la Pile Rouge, je me suis dit, ah ben ça je pense que c’est vraiment le truc qui va me faire peut-être réfléchir, et je ne m’attendais pas à être autant bouleversée, on va dire, de cette manière-là. Et du coup voilà, je pense que vraiment c’est dans mes apprentissages et ma.
Stéphanie Campisi: Pratique.
Lucie Bonato: La pile rouge est venue là comme un peu sur mon chemin pour corriger un peu ces dissonances-là et évoluer. Donc voilà, ça n’a pas toujours été mon boulot. Avant, j’étais prof d’italien, donc vraiment rien à voir. Mais je pense que ça m’a donné un peu le goût des apprentissages et je suis contente de continuer d’apprendre avec la pile rouge. J’ai l’impression d’avoir fait le tour.
Stéphanie Campisi: Je m’appelle Stéphanie Campisi, je suis une femme blanche, je suis belge et je vis en Belgique. Je suis accompagnante en introspection au mieux-être et à l’exploration de nos liens intérieur et extérieur. J’utilise des outils comme la numérologie et l’énergie éthique. Je suis facilitatrice en constellations systémiques et familiales et je fais de l’écriture aussi. Je suis née en Belgique, deux parents citiliens qui ont émigré avec leur famille dans le cadre des accords du charbon. pour situer les accords du charbon, c’est la main-d’œuvre italienne qui a été échangée contre des sacs de charbon en Italie. Donc, il y a déjà tout ce contexte-là qui est présent et donc c’est un héritage qui m’a marqué vraiment profondément et qui nourrit mes engagements actuels déjà, parce qu’il a façonné mon rapport aux dynamiques de pouvoir, au rapport aux dynamiques d’appartenance et aux dynamiques d’identité aussi. Et moi, mon parcours par rapport en tant qu’enfant d’immigré, les études, c’était hyper important. Je savais qu’il fallait que je fasse des études, donc j’ai choisi de faire HEC en Belgique. Et donc j’étais déjà en décalage total de ces études là où c’était vraiment très très compliqué. Et puis j’ai fait mon parcours dans des organisations parce que je savais que les entreprises purement commerciales ou hyper capitalistes c’était non. Donc j’étais plutôt dans la fonction publique ou parapublique et dans des associations. Mais même là, j’ai perçu qu’il y avait des incohérences, vraiment des difficultés à trouver des environnements pleinement fonctionnels. qui avait des environnements très dysfonctionnels, mais j’avais vraiment cette sensation qu’en fait, ce dysfonctionnel, il ne venait pas des individus, mais du système. Je me souviens qu’à l’époque, je disais mais non, c’est systémique, c’est le système qui permet ça. Et donc, j’avais déjà cette conscience-là il y a longtemps, parce que mes collègues souffraient autant que moi des dynamiques oppressives qu’il y avait dans les organisations. Et ce malaise-là, profond, qui a démarré à la vingtaine, il m’a conduit en 2018 à un burn-out retentissant. Et de ce burn-out-là, j’ai mis du temps à me reconstruire. Et puis j’ai décidé d’accompagner,
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Stéphanie Campisi: puisque j’accompagnais déjà beaucoup les personnes, mes collègues, j’aimais bien faire ça déjà en entreprise. Et donc l’accompagnement, je me suis formée à l’énergétique et à la numérologie à ce moment-là. Et je me suis rendu compte que dans ces milieux-là, en fait, il y avait les mêmes dynamiques oppressives, il y avait la même chose, il y avait le New Age, c’était vraiment identique. Et je me suis dit, non, en fait, tu ne peux pas avoir quitté un domaine et puis te retrouver dans les mêmes dynamiques, accompagner les personnes à servir le même discours de quand on veut, on peut, de toujours tirer plus loin, affirmer des choses pour que les choses se manifestent. Ce n’était pas possible. J’ai commencé à m’intéresser à des espaces et je pense que je suis arrivée à Pilule Rouge après un an où j’avais fait Caire Constellaire avec Anne Favier, où déjà je m’intéressais à cette pratique constellaire de l’accompagnement. Et donc Pilule Rouge est venue vraiment sur la thématique, comme Virginie, de l’appropriation culturelle. Je me suis dit, là, ce n’est pas possible. En fait, il y a trop de choses qui dysfonctionnent sur cette thématique de l’appropriation. Donc, je ne voulais vraiment pas.
Lucie Bonato: Entrer.
Stéphanie Campisi: Dans une démarche où je m’approprierais aussi des techniques d’autres personnes ou d’autres outils. Je suis arrivée en essayant de décoloniser ma pratique. C’est un gros, gros travail qui est toujours en cours et j’ai l’impression qu’il vient juste de démarrer.
Elsa Couteyer: Merci à toutes, merci d’avoir joué le jeu Virginie.
Virginie Carné-Bernard: Merci, je reviens juste préciser parce que je me suis rendu compte que dans mon stress de présentation, j’avais pas présenté mon métier d’accompagnante. Je suis psychopraticienne et j’accompagne particulièrement autour des traumas et des blessures d’attachement. Les blessures d’attachement, c’est les traumas infantiles, pour vous la faire courte. C’est essentiellement des femmes qui se présentent à moi et aussi quelques hommes, et j’accompagne en cabinet individuel. Et du coup, pour reprendre aussi certains mots de Stéphanie. Moi, après, je me suis formée sur plein d’autres choses. Ma formation de base qui était la psychologie contemplative. Pour vous expliquer aussi en deux mots, c’est la rencontre entre la psychologie occidentale, telle qu’on la connaît aujourd’hui, et des pratiques de pleine conscience orientale issues du bouddhisme tibétain. Et donc, la question de l’appropriation culturelle, elle était flagrante pour moi, de m’assurer de ce que je faisais et de comment je le faisais. Et quand j’ai commencé à accompagner, en plus particulièrement en accompagnant sur les traumas, assez vite je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me contenter, entre guillemets, d’essayer d’accompagner les gens sur leurs traumas individuels, là où en réalité ça touchait à du systémique et à du social, à du global. Et pour moi, ça paraissait aberrant, mais juste impossible. En fait, c’était juste inenvisageable d’accompagner en prenant le risque de reproduire ces systèmes oppressifs ou à minima avec mes propres biais d’oppresseurs, d’oppresseuses potentielles. C’était important de préciser pour moi que je bossais avec le trauma et en individuel.
Elsa Couteyer: Merci Virginie pour cette précision. C’est vrai que vous avez un petit peu des éléments clés pour comprendre dans quel décor et quel point de départ on avait au tout début. Moi pour ma part, c’est vrai qu’à la toute base, je suis devenue accompagnante en 2017 après une formation en hypnose, en hypnose actionnelle. Avant j’étais dans le monde des médias et de la communication, donc je travaillais en agence ou chez des annonceurs. Et donc pendant les premières années de mes accompagnements, j’étais vraiment, on va dire, une hypnothérapeute, une praticienne en hypnose des plus classiques. Et en même temps, mine de rien, ma personnalité était là, était encore présente sur le côté toquer des émotions, c’est-à-dire que vraiment j’ai toujours été passionnée par les émotions depuis toute petite, donc même dans ma pratique c’était extrêmement présent, et moi je suis arrivée par le… j’ai pris la porte du politique par les émotions d’abord, c’était vraiment ça qui était important pour moi, parce que je me rendais compte que à quel point, enfin ça faisait des années, mais je me rendais vraiment compte en tant qu’accompagnante à quel point notre société était, on va dire ce que j’appelle souvent émotionphobe, et qui pathologisent énormément les émotions. Et mine de rien, au fur et à mesure des années, moi j’ai eu beaucoup de crises de foie, de FOI et FOIE, concernant mon outil d’accompagnement de l’hypnose, mais même aussi concernant l’accompagnement en général, des questions de mes accounts vraiment au cerf. Et j’étais désemparée par rapport au fait que je n’arrivais pas à trouver mes réponses, parce que j’avais beau aller poser des questions à des mentors, à des collègues, des conseillers, des confrères, J’ai dépensé
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Elsa Couteyer: énormément d’argent dans différentes formations en me disant, avec ces nouvelles outils, je vais trouver enfin des réponses, des choses comme ça. Je suis déjà allée de cycle en cycle, de crise de foi en crise de foi, et jusqu’à ce qu’à un moment donné, quand même, je tombe sur une publication de Anne. Je ne sais pas si c’est vraiment le poste dont tu as parlé, Virginie, sur l’appropriation culturelle et cette fête des enfants, mais je me rappelle l’avoir vue, en tout cas à cette époque-là, et moi aussi, ça m’avait vachement parlé. Et ça m’avait vachement parlé parce que je me suis dit, Personne n’en parle de ce truc-là, justement. Qui est cette personne qui parle d’un truc hyper intéressant, qui a l’air hyper fort, hyper pertinent. Et c’est vrai qu’en plus, Anne, elle a une manière de parler qui est hyper pédagogue, très posée, très cadrée. Et donc, tu as envie de l’écouter pendant des heures. Et donc j’ai commencé à la suivre et quand j’ai vu qu’elle lançait Pili Rouge avec Selma Sarno, je me suis dit bah go. C’est vrai que j’ai un côté assez impulsif dans ces trucs-là et je pense que c’était aussi parce que j’étais très désemparée et désespérée. Et je me suis dit ah, je vais enfin peut-être entendre des trucs nouveaux, vraiment nouveaux. Enfin, peut-être qu’il va y avoir quelque chose qui va se passer à partir de ce moment-là. Et je n’ai pas été déçue. Et donc, moi, j’ai vraiment démarré tout de suite, dès la première promo, comme disait Lucie. Et j’étais même en congé maternité quand j’ai démarré. Je n’avais pas encore repris le travail. Et donc, je crois que sur les replays, les premières formations, les premières transmissions, je crois que j’ai mon bébé dans les bras, pour vous dire. et donc j’ai jamais arrêté parce que ça reste encore un espace qui est vraiment hyper, hyper important pour moi. Voilà, c’est pour poser aussi le décor de mon côté. Je vais me tourner à nouveau du côté de mes concerts et j’ai envie de vous poser la question des premières prises de conscience. Quelque part, quelle a été la première ou les premières prises de conscience, où j’ai envie de dire finalement le premier ou les premiers aïe, justement, que vous avez eu après avoir rejoint la pilule rouge et comment ça a affecté votre pratique ?
Virginie Carné-Bernard: Je vais bien commencer. Mon premier aïe, en fait, c’était dès la formation de base. Donc, pour juste éclaircir, avant qu’on commence vraiment les lives, en fait, tout ensemble, il y a une formation de base qui est requis en plus sous forme de webinaire. avec énormément d’infos, ce qui nous permet de commencer la formation avec le même degré, je dirais, d’information ou à minima, un vocabulaire commun. Et ça évite à Selma Ayan, j’imagine, de devoir repasser par tout un pan de définition et de contenu théorique. Et donc, dans cette formation de base, elles se sont basées sur le travail de Pocah Lenui. Je ne sais jamais comment on dit son nom de famille, Lenui. D’après le processus de décolonisation, c’est un processus en cinq étapes dans lequel on commence par faire l’état des lieux.
Clémence Petit: De.
Virginie Carné-Bernard: Nos propres biais, de notre propre colonialité, etc. Et c’est un tchèque qui m’a fait très très mal. Je me suis rendu compte à quel point j’étais dans des privilèges dont j’avais tellement pas conscience et que je pouvais avoir aussi des biais racistes, des biais d’oppresseuses, parfois de manière complètement inconsciente, des biais validides, des biais grossophobes, des choses pas jolies jolies. Et donc ça, c’était vraiment mon premier aïe en mode Mais c’était un aï en même temps qui me confortait tellement dans le fait que j’avais vraiment besoin d’y aller et que j’étais à ma place dans Kylule Rouge. C’était vraiment ça le travail dont j’avais besoin si je souhaitais moi être l’accompagnante que j’aspirais à être en fait. Donc lui, il m’a fait déjà mal à ce moment-là.
Lucie Bonato: Je veux bien enchaîner après Virginie. C’est vrai que je suis d’accord avec toi, l’état des lieux est déjà une première étape, un premier coup on va dire. Moi je sais que ce qui m’avait.
Clémence Petit: Vraiment.
Lucie Bonato: J’ai fait un high le premier coup, c’était vraiment l’appropriation culturelle. Avant de m’inscrire, j’avais déjà commencé à tirer la nappe, mais je ne m’attendais pas à ce que la table se renverse complètement une fois que j’étais vraiment informée. J’ai commencé le travail avec la pilule rouge. Comment dire ? Dans les premiers temps, ça a vraiment affecté ma pratique dans le sens où j’ai fait une pause. J’ai fait une pause, après ça a tombé aussi à un moment où j’étais au début de ma troisième grossesse et j’étais malade, donc ça tombait pile au bon moment. J’ai vraiment eu besoin de faire une pause dans ma pratique pour voir l’étendue du travail et pour voir là où j’allais devoir réajuster, enlever, recommencer ou arrêter, tout simplement. Et vraiment, ça fait cet effet-là, ce premier « I », qui était l’appropriation culturelle. Et il y en a eu d’autres ensuite.
Stéphanie Campisi: Je vais prendre la suite parce que ça rejoint
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Stéphanie Campisi: Virginie et Lucie. Moi, le premier « I », c’est vraiment l’appropriation culturelle qui est venue. faire cet état des lieux des pratiques où je faisais moi-même de l’appropriation culturelle alors que je pensais avoir déjà déconstruit une partie de ma pratique. C’est hyper douloureux, il y a une forme de honte, de culpabilité. Et donc ça j’avais retenu que déjà quand on était dans la honte et la culpabilité, il y avait quand même une démarche qui était entreprise et qu’on allait vers une déconstruction. Mais c’était hyper difficile et donc moi vraiment le pan de ma pratique c’est tout ce qui est New Age. C’était vraiment hyper dur et donc comme Lucie, moi j’ai vraiment eu Pendant Pilule Rouge et surtout pendant cette thématique-là, j’ai eu l’impression d’être en jachère. Je ne pouvais plus pratiquer. J’avais l’impression que je devais marcher sur des oeufs tout le temps, qu’il y avait un moment de l’appropriation culturelle qui allait émerger à un endroit où je ne l’avais pas vu, vraiment comme dans un jeu vidéo où les choses émergent en pop-up comme ça. Et c’est vraiment ça en fait, une fois qu’on a commencé à regarder, on ne peut plus faire marche arrière en fait, c’est impossible, on voit ça partout et on se rend compte qu’on est entouré de pratiques qui font preuve d’appropriation culturelle. C’était un aï, mais ça fait partie du processus de déconstruction. Et puis après, on verra comment on se construit. Mais si on peut déjà se dire, OK, j’ai plein de privilèges, j’ai fait moi-même preuve d’une certaine forme d’appropriation, je vais ajuster. Et ça va être un ajustement constant pour la suite.
Clémence Petit: Eh bien, moi, c’est pas celui qui m’a fait le plus mal de cycle, celui-là, parce que j’ai pas le même type de pratique aussi. Moi, j’ai appris un coaching très américain, en fait, quelque part. Enfin, en tout cas, les racines culturelles, même si, évidemment, ça pioche dans pas mal de choses. Mais du coup, moi, c’est plutôt la prise de conscience de l’eurocentrisme de mes pratiques, de mes apprentissages qui a été percutante. Et moi, j’ai du coup, pendant ce cycle-là, plutôt traqué l’appropriation culturelle dans mes pratiques personnelles, en fait, parce que c’est aussi omniprésent. Et ça a été hyper riche. Mais je crois que c’est vraiment le cycle suivant, moi, sur le repos qui a été particulièrement piquant. J’étais plus ou moins en burn-out, même si j’ai l’impression que ça fait longtemps que je le suis. Mais en tout cas, là, C’était assez intense parce qu’en même temps, en plus de la pilule rouge, j’ai suivi, je crois à partir de janvier, il me semble dans les dates, Mission Complice, qui était un cycle proposé par Selma Sardouk sur le fait de déconstruire sa colonialité et de devenir complice des luttes antiracistes et décoloniales. au-delà d’être alliés. Tout ça en même temps, je sentais bien que ça venait travailler des choses très profondes en moi, que ça posait des questions à mon couple, à ma famille, à mon rôle de parent, à mon rôle de fille aussi, que ça venait réveiller beaucoup de colère sur mon éducation, sur ce qu’on m’avait transmis. Et en même temps je voyais bien que j’avais besoin de me reposer et pourtant j’avais envie de déconstruire. Donc il y a eu cette tension là, à cet endroit là, et la prise de conscience moi la plus forte, je crois, en tout cas celle qui était aussi peut-être la plus libératrice. Moi j’ai du mal à répondre au « aïe » parce que c’est souvent « aïe waouh » en même temps. C’est vraiment celle que le repos, à la fois c’est un droit inaliénable et c’est un acte de résistance anticapitaliste et décoloniale. Et je crois que le anticapitaliste à cet endroit-là, décolonial, ça me paraissait évident. Anticapitaliste, tout d’un coup je me suis dit, peut-être je suis anticapitaliste en fait. Et qu’est-ce que je vais faire de cette nouvelle donnée dans le monde dans lequel je suis et à la place à laquelle je suis ? Donc ce moment-là, il a été un peu tendu pour moi. Et en même temps, c’est celui qui a été le plus apprenant et transformant et qui a le plus d’impact sur ma posture et ma pratique aujourd’hui.
Elsa Couteyer: Très bien, merci. Et moi, c’est vrai que le premier « I », je pense que ça a été comme ce qui a été dit sur l’état des lieux, de vraiment prendre conscience de tous ces privilèges, quelque part de mon vrai point de départ, de mon vrai positionnement au monde et comment même le système me positionne par rapport à d’autres. Et j’ai envie aussi de dire que ça a permis aussi un état des lieux, même du monde, de nos systèmes et de la société. Et ça aussi, moi, c’est vraiment mes premiers ailes. De me rendre compte, par exemple, je me rappelle très bien de la puissance de conscience qu’on avait fait justement toute une première partie sur le colonialisme, le colonialisme, la colonialité,
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Elsa Couteyer: décolonialité, donc on avait vraiment posé tous ces termes-là. qui sont hyper importants. Et moi, je me rappelle vraiment de cette prise de conscience, de me rendre compte que l’histoire avec un grand H, en fait, est un simple continuum. Il n’y a pas vraiment de passé, présent, futur. que la colonisation était quelque chose qui n’était pas du tout du tout terminé, au contraire de tout ce qu’on nous avait appris, en mode c’était avant, avant ils étaient cons, avant ils étaient méchants, avant ils étaient racistes, avant ils étaient tout ça, tout ça, tout ça. Et qu’en fait tout ça n’est qu’un continuum et que nous faisons partie de ce continuum et que nous sommes les adultes de ce continuum aujourd’hui. Ça, ça m’a vraiment, vraiment bien titillée parce que l’impression d’avoir vécu dans un mensonge et d’avoir été assez naïve pour pas vraiment voir ou pas vouloir voir. Il y a vraiment aussi des prises de conscience sur l’esprit critique, sur comment on se structure, qu’est-ce qu’on regarde, qu’est-ce qu’on consomme. Voilà, il y avait vraiment tout cet état des lieux-là. Et donc cette réalisation de cette violence du monde et de la violence des systèmes, non pas que j’avais l’impression d’être dans un monde magnifique puisque j’étais devenue accompagnante pour avoir envie d’avoir un impact et d’aider les personnes, puisque je me rendais bien compte que ce monde était loin d’être doux. Mais quand même, il y avait comme une sorte de prise de conscience vraiment supplémentaire et archi supplémentaire par rapport à ça. Il y a vraiment des œillères qui sont tombées. Et comme le précise Clémence, je pense que c’est vraiment un mélange de…
Clémence Petit: De.
Elsa Couteyer: Plein d’émotions en même temps, c’est très difficile de vraiment séparer les aïe et les waouh, c’est pour ça que je sais que c’est un exercice difficile, c’est ce que je propose à mes professeurs. Mais voilà, c’est pour vous faire sentir ce qui nous a touchés de prime abord. Et je pense qu’aussi, moi, il y avait toute la résonance ensuite sur ma structure personnelle, mon identité et finalement la personne que je pensais être. que je pensais connaître, et puis parfois il y a eu des réalisations même assez fortes, non pas que je n’avais pas vu certaines choses, mais moi je sais très bien que toute la première année de la pilule rouge, c’était en plus pour moi une année de reprise suite à un congé maternité, et donc il fallait que je relance toute mon activité suite à cette pause-là. Et moi j’ai vraiment pris conscience d’une forme de work-alcoolisme, vraiment d’une forme de reliance ou de confluence très très forte entre ma capacité à produire, à être productive pour ce système-là et l’estime de moi-même. Ça peut paraître très très con et basique, mais il y a eu une différence entre la compréhension intellectuelle de ces signaux-là qui étaient présents chez moi et la compréhension émotionnelle de ça, et de me rendre compte que c’était lié aussi à un système beaucoup plus large que moi. Et donc c’est hyper brassant parce qu’ensuite il y a la compréhension intellectuelle, la compréhension émotionnelle, mais qu’est-ce que j’en fais ? Comment je fais pour bouger ça ? Qu’est-ce que je veux faire à la place ? Et ça en fait, ces réponses-là, elles ne viennent pas non plus immédiatement. Donc voilà, il y a plein de dimensions qui se mélangent en même temps, mais voilà, ça c’était mes premiers high, on va dire. Et on va passer de l’autre côté, on va aller du côté du wow. Les moments de transformation où, finalement, quelque part, il y a eu une transmission, un échange qui a provoqué ce que je nomme un wow, c’est-à-dire vraiment un moment où c’est éclairant, où c’est… On peut parler de soulagement ou, comme je disais tout à l’heure, de libération pour Clémence. Mais voilà, qu’est-ce qui vous vient quand je dis quels ont été vos moments waouh, les premiers waouh qui sont venus ou même ceux qui sont les plus forts encore aujourd’hui pour vous toutes ?
Lucie Bonato: Je peux commencer. Alors, je n’ai pas un moment en particulier parce que j’ai l’impression que c’était quand même dès le début. Comme disait Clément sur cette ambivalence de à la fois c’est aïe, à la fois c’est waouh. Et en fait, la manière dont est construit vraiment l’apprentissage Et l’espace qu’ont construit Selma et Anne, en fait, je vais faire une métaphore qui n’est peut-être pas ultra à propos, mais c’est comme si Selma et Anne nous ouvraient une porte et on a vraiment l’impression de tomber dans le vide. Je trouve que le titre Lapis-le-Rouge est très bien à propos, elles ne sont pas bêtes, elles ont bien réfléchi à ce qu’elles faisaient, et donc on a vraiment l’impression de tomber dans le vide. On se rend compte que vraiment, c’est pour le mieux. On se rend compte qu’on tombe dans le vide, mais c’est pour ouvrir sur quelque chose de plus grand, qu’on n’est pas tout seul. Surtout dans ce truc-là, c’était bien, je trouvais, d’avoir un espace vraiment communautaire, enfin une communauté. Donc voilà. Et surtout, de se rendre compte qu’on est capable, en fait. On est capable de comprendre et de faire ces changements, qu’on en est conscient au fond de nous, et que même si ce n’était pas très clair au début, on est quand même capable de faire ces changements-là, qu’on n’est pas nés d’hier, même s’il y a des trucs qu’on a l’impression de découvrir. C’est des concepts qui sont à notre portée et surtout, malgré le fait que ça secoue et que ça puisse faire des haïs, c’est quand
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Lucie Bonato: même un espace qui est super sécuritaire, dans le sens où il y a des sessions où on prend vraiment le temps de de revenir sur nos émotions, de revenir sur ce qu’on a pensé, de revenir sur ce qui nous a fait tomber dans le vide justement. Et moi je me rappelle très bien à chaque fois que je termine les zooms, dans les premiers temps j’avais l’impression qu’il fallait que je m’allonge quoi. Enfin que je m’allonge et à la fois j’étais genre mais vraiment c’est que tomber, il n’y a pas de prise et à la fois j’étais genre mais je ne suis pas toute seule et donc Au bout d’un moment, ça va s’arrêter. Et au bout d’un moment, on va pouvoir rebondir. Et je dirais que c’est ce qui s’est passé assez rapidement. Et ça, j’ai trouvé que c’était vraiment waouh de fin. C’est un peu comme se faire peur, dire ok bah shoot de l’avion mais en fait j’avais un parachute depuis le début. Et Selma, Anne, elles sont genre bah ouvre juste ton parachute en fait et ça va bien se passer. Et ça s’est bien passé. Et ça continue à faire toujours cette impression de vide mais toujours avec un parachute. Donc voilà, c’est le wow des sensations fortes on va dire.
Stéphanie Campisi: Moi, le moment waouh, c’est vraiment la thématique du repos. Je pense que c’est un des moments waouh, mais c’est celui qui me revient en premier. Depuis mon burnout, j’ai une forme de fatigue chronique qui est présente et donc ça a été une forme de de révélation de voir l’idée du repos comme une résistance anticapitaliste. C’est un peu mon arme de me dire que je m’autorise à résister. Et à la fois, je sais qu’on a complété cette phrase-là en disant que c’est un acte de résistance anticapitaliste, mais en fait c’est un privilège aussi parce que tout le monde ne peut pas se reposer. et c’est les deux en fait qui pour moi est le moment waouh vraiment de se dire ok je résiste mais même si je suis fatiguée même si je souffre de fatigue chronique mais en fait j’ai des privilèges je peux le faire donc je pouvais me reposer avec un peu moins de culpabilité parce que ça c’était quelque chose que j’avais avant cette thématique du repos. Donc oui, vraiment prendre conscience du fait que toute la pensée capitaliste vient polluer un besoin aussi primaire que le repos. C’était vraiment une prise de conscience énorme pour moi.
Virginie Carné-Bernard: Je veux bien réagir parce que ça me fait réagir ce que tu dis et vous parlez là deux fois du cycle du repos. Moi, le cycle du repos, c’est précisément le moment où j’ai arrêté Pilule Rouge parce qu’en fait, j’en fais partie, mais j’en fais plus partie, mais j’en fais bientôt encore partie. Donc, on va dire que je suis dans une pause Pilule Rouge.
Clémence Petit: En fait.
Virginie Carné-Bernard: J’ai parlé du premier Wahoo tout à l’heure, qui était l’état des lieux, mais ce n’était pas du tout le plus fort. C’était le premier, mais ce n’était pas le plus fort. Le plus fort, et là, ça bat encore très, très fort quand j’en parle, c’est vraiment toute la honte qui m’a traversée en tant que personne blanche, en tant que personne privilégiée, de me rendre compte, d’ouvrir les yeux. Et effectivement, c’était quand même un Wahoo et j’étais heureuse d’ouvrir les yeux. mais j’avais tellement honte de ne pas les avoir ouverts avant. Et à chaque séance, je suis étonnée là maintenant, parce que je ne pensais pas que c’était encore fort comme ça. Comme quoi, ça fait du bien de reparler de pilules rouges aussi. Effectivement, c’est venu moi se distiller dans tous les aspects de ma vie aussi, professionnellement, personnellement, c’est comme si en fait, toute ma grille de lecture du monde avait changé, comme si mes lunettes avaient changé, et je ne voyais que du capitalisme, et je ne voyais que de la consommation, et je ne voyais que des gens coupés de leur corps, coupés de leurs émotions, je ne voyais que des gens en dissociation, je ne voyais que des gens traumatisés. Bref, c’était un peu le bordel, et il y a eu un moment où je faisais aussi plein de formations, parce que c’est encore un autre sujet, ça on en a souvent parlé, des formations, des formations pour avoir des outils, des outils, des outils pour être efficace, efficace, efficace, rendre les gens productifs, productifs, productifs. Et au bout d’un moment, pilule rouge, malgré moi, s’est insérée dans ce truc, enfin tu dis pollué Stéphanie, je te remercie pour ce terme parce que j’ai vraiment eu cette sensation là, que le capitalisme venait polluer, que c’était tellement Partout, insidieux, c’est tellement une bête gigantesque que ça venait même polluer ma pilule rouge, en fait, dans la course à la déconstruction. Même ma course à la déconstruction devenait une course, en fait. C’était complètement absurde. Et en fait, j’avais des tas de formations, j’avais des soins, des supervisions, pilules rouges, j’avais d’autres programmes d’accompagnement, j’avais mes séances en individuel.
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Virginie Carné-Bernard: Et en fait, je ne m’en sortais pas, je ne voyais pas ma femme, je ne voyais pas ma fille. Et il y a un moment donné, je me suis dit en fait, c’est complètement con. Enfin, je me mets… je me mets moi-même là une espèce de pression que pourtant je veux apprendre à ne plus me mettre et je trouvais ça juste hallucinant en fait de voir que ça avait fait ce shift et donc j’ai fait plusieurs brainstorming avec moi-même et j’ai fini par poser à peu près au début du cycle sur le repos ou juste avant que ça commence j’ai dit en fait Je pense que c’est précisément le bon moment pour moi justement pour faire un petit pas de côté, un petit pas en arrière pour aller me reposer et aussi pour aller me reposer finalement de pilule rouge d’une certaine manière parce que j’avais besoin d’intégrer. parce que j’avais besoin que ça processe, que j’avais besoin un peu de vivre toute seule, entre guillemets, tous ces moments-là aussi, et de sentir comment j’allais pouvoir mieux les incarner dans ma vie. J’ai qu’une envie, c’est d’y revenir, parce que je sens aussi que c’est le bon moment pour moi. Ce n’est pas tout à fait le bon moment, je pense que ce ne sera pas à ce cycle-là, mais à celui d’après. J’étais fière à ce moment-là de pouvoir me dire Ok, ben en fait je ralentis l’ensemble, il y a des choses que je vais lâcher, dont pilules rouges, même si pilules rouges j’en ai extrêmement besoin, mais en fait, ouais, ça fait aussi partie des choses que je peux avoir le privilège de lâcher parce qu’à ce moment-là c’était, je sais pas si c’était trop ou quoi, mais enfin bon bref, voilà, vous avez compris quoi, ça faisait partie de ma réaccélération qui était complètement l’opposé de ce que je voulais vivre en fait. Merci pour ce terme de polluer, Stéphanie, parce que c’est… Putain, merde.
Clémence Petit: Elsa, je te laisse y aller. Je continue à réfléchir.
Elsa Couteyer: Ça marche. Moi, ça me rappelle beaucoup tout ce qui est posé là. Je pense que moi, l’effet wow, ça a été de voir la force du collectif. Moi, j’ai vraiment eu la sensation que la pilule rouge, c’était l’un des premiers espaces collectifs où je me sentais en sécurité. alors que les sujets qui étaient abordés étaient renversants, destructeurs aussi, destructeurs de certaines bases, mais bien sûr après on reconstruit. Quand bien même c’était brassant, j’ai vraiment découvert un collectif sécure, avec des personnes sécures, des collègues sécures, en tout cas vraiment cette sensation de pouvoir me sentir bien. parmi d’autres personnes. Chose qui avait toujours été très très très difficile pour moi. Moi je me suis toujours décrite à la base comme une ours, une ours solitaire qui n’aimait pas les gens. Et en fait pas du tout. Vraiment pas du tout du tout. C’est juste que jusqu’à maintenant j’avais jamais trouvé… Je parle souvent de l’importance de trouver… Find my people. En gros vraiment ce truc de trouver ces personnes. Ben j’ai trouvé mes personnes quoi. Et ça, c’est vraiment, ça a été hyper, hyper fort, parce que ça a vraiment marqué un avant-après pour ma vie en tant qu’être humaine, mais aussi même en tant qu’accompagnante. J’ai plus du tout, du tout abordé le collectif de la même manière à partir de ce moment-là. Il y a ça, et puis bien évidemment, il y a aussi l’importance du temps long. C’est quand même, là, à la Pinot Rouge, ça fait deux ans et demi, moi que j’y suis. Comparé à toutes les formations que j’ai pu faire auparavant, à part les parcours académiques, de la maternelle jusqu’au master et voir vos années supérieures, on est d’accord. Mais depuis que je m’étais lancée dans l’accompagnement, c’était la première fois où on prenait le temps long pour une formation, pour des sujets, pour les lycées se déployer. Et ça aussi, ça a été un wow pour moi, me dire que c’est ultra important, surtout sur ces sujets-là. Moi, j’ai vraiment fait le constat que quand je me revois au tout début de la Pivot Rouge, parfois j’avais l’impression de comprendre ce que Selma et Anne nous disaient. Et qu’en fait, des mois après, je me disais, mais t’avais rien compris. Et parce qu’elle repose les messages, parce qu’il y a un truc dans l’actualité qui arrive, parce qu’à un moment donné, je ne sais pas, je suis disponible pour entendre ce message qui est là. C’est là où je sentais que oui, là, je comprenais vraiment. Là, j’accusais réception de ce qui était en train d’être dit et je comprenais la portée des messages qui étaient en train d’être posés. Donc voilà, moi, c’est le wow aussi. Je me dis que le temps long est aussi ultra nécessaire et bénéfique. Et puis globalement, le wow qui me reste vraiment de tout ça, c’est finalement cette sensation que ce côté anarchiste, rebelle, qui avait toujours été là, mais pas vraiment assumé chez moi, il a vraiment trouvé toute sa place. Et quand le groupe me disait « welcome », c’est pas qu’il faut, mais il faut être comme ça, il y a besoin. Ça serait anormal de ne pas vouloir « fuck le système », ce serait anormal de vouloir continuer à y contribuer. Donc il y a eu quelque chose aussi d’apaisant là-dedans et que ça a vraiment pu trouver sa place. C’est pour ça qu’à partir de ce moment-là que j’ai pu
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Elsa Couteyer: m’autoriser à me décrire comme une accompagnante vénère comparée à d’autres personnes qui… font tout pour pouvoir paraître l’accompagnante la plus zen possible du monde. En gros, le wow, c’est la réhumanisation. La réhumanisation de ma personne, de mon identité et de ma pratique. Et par conséquent, aussi de mes accompagnés, de ce que je voulais vivre dans la vie. C’est ce que disait Virginie aussi, c’est que moi, le wow, de me poser vraiment fondamentalement des questions de qui je veux vraiment être à la lumière de toutes les dimensions systémiques et oppressives dont on est en train de nous parler. Virginie, je te laisse la parole.
Virginie Carné-Bernard: Tu parles de réhumanisation puisque je me rends compte que je n’ai pas non.
Stéphanie Campisi: Plus répondu à la question du waouh.
Virginie Carné-Bernard: Il ne faut pas hésiter parce que je me laisse embarquer dans le flow de notre conversation. Mais c’est que dans cette honte dont je vous parlais, ça a effectivement malgré tout constitué un gros aïe, mais aussi un énorme waouh. Quand Selma m’a expliqué que la honte, c’est ce qu’on ressent quand on traverse la frontière entre l’humain et l’inhumain. Pour oppresser, il y a une partie de nous qui se déshumanise. Et en fait, quand elle se réhumanise, cette partie-là, c’est la honte qu’on ressent, qu’on traverse. Et en fait, c’est dans les deux sens, soit quand on oppresse ou quand on le subit. C’est vraiment dans les deux sens. Et de comprendre ça, c’était vraiment puissant et à la fois très soulageant parce que j’arrivais à ce moment-là à me dire, ok, ce n’est pas juste Ce n’est pas juste ma fragilité blanche qui est mise à mal et aïe aïe aïe et ouin ouin. Il se passe vraiment un truc en profondeur et aussi vraiment dans mon corps et dans la régulation de mon système nerveux et vraiment dans la somatisation de cette honte. Et ça, ça a été un wow énorme de pouvoir toucher cette réhumanisation. Et pour le coup, c’est quelque chose sur lequel je me suis déjà appuyée aussi en séance par rapport à des traumas et des traumas sexuels, surtout dans la petite enfance, où en fait, les victimes ont cette honte parce qu’elles ont été déshumanisées. Et en fait, on vient travailler grâce à la honte et on vient travailler, du coup, cette réhumanisation possible. Et c’est comme si en fait, on reprenait corps, on reprend On reprend matière, on reprend forme, on reprend contour. Et voilà, c’est bon ça en fait. C’est extrêmement douloureux, mais c’est bon et c’est très, très, très soulageant de sentir qu’on retrouve une part d’humanité là-dedans. De toute façon, tout ce qui est autour de la honte dans mon travail avec Kylule Rouge, de manière très personnelle, c’est ce qui a vraiment constitué les plus gros highs, les plus gros wow, les plus gros challenges. Merci de reparler de ça du coup, Elsa. Je l’aurais posé un moment, mais c’était bien à propos.
Stéphanie Campisi: Merci Virginie Clémence.
Clémence Petit: Oui, du coup, c’est assez lié, même si je n’aurais pas mis exactement les mêmes mots. Mais en fait, tout ça résonne beaucoup pour moi et c’est vachement chouette de le réentendre et de le faire résonner ensemble. Moi, j’allais nommer… Je pense qu’en fait, j’ai eu du wow dès le début et dès le moment où j’ai compris, où déjà ça a soulagé les endroits de dissonance dont parlaient Lucie et Stéphanie tout à l’heure. Donc je pense que dès le début, c’est ça qui m’a fait du bien, de comprendre la notion de trauma systémique et social aussi, et de me dire que je ne portais pas seule des choses qui en fait ne me concernaient pas que moi, de comprendre pourquoi d’autres ne les adressaient pas aussi, ces traumas, ces situations. Et je crois que petit à petit, ce qui a été un soulagement un peu intuitif dès le début, plus j’ai compris, accepté, intégré, Le soulagement vient vraiment du fait que je crois que j’ai réussi à faire une distinction entre responsabilité et culpabilité. responsabilité de mes privilèges, responsabilité du rôle dans la colonialité, etc. Enfin, toutes sortes d’oppressions et en fait pas de culpabilité et quelque chose de l’ordre aussi. Vraiment, tu parlais du collectif. Moi, c’est l’autre chose. C’est vraiment la guérison, la réparation, la libération collective. individuelle et collective et moi dans le collectif en fait et de retrouver la foi dans le collectif aussi. Après beaucoup d’expériences où je me disais je trouverai jamais ma place et voilà et donc ça m’a aidé à la fois à réparer je pense un sentiment que j’ai depuis l’enfance et en même temps à trouver ma place aujourd’hui, en tout cas à pouvoir me poser la question de quelle place je voulais aujourd’hui, comme tu disais Elsa, qui je veux vraiment être. Moi c’est aussi ma place par rapport aux autres, comment j’ai envie de relationner,
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Clémence Petit: qu’est-ce que j’ai envie d’apporter, de quoi j’ai envie de parler, voilà. Mais de le faire, non pas depuis un espace de, ah là là, je suis une blanche et je porte tout le poids de ce truc-là. Ça a pu l’être un moment. Et en fait, je ne suis plus là-dedans. Et ça, c’est un énorme soulagement aussi, de se dire, je suis vraiment active sur ces sujets-là, mais d’un endroit de responsabilité et de joie aussi, parce que ça me met vachement plus en joie d’être au service de ces valeurs-là qu’avant.
Elsa Couteyer: Merci. On va aller maintenant sur une thématique qui est chère à mon cœur, mais je sais aussi qui est chère à votre cœur aussi, c’est la notion du deuil. Et là, c’est vrai qu’on va parler des deuils symboliques et de la notion de renoncement. C’est les mots que je mets là-dessus, mais je vous laisse voir comment ça résonne pour vous, parce que j’avais envie de vous poser la question de, est-ce qu’il y a eu des aspects de votre pratique ou de vos identités, même de votre identité professionnelle ou même personnelle, que vous avez dû laisser derrière vous ou renoncer, ou qui sont encore en cours de… Justement, je suis en train de le laisser derrière moi, je suis en train de renoncer en fait à ça. Et donc comment vous avez vécu ces éléments-là ? Comment ça vous parle ?
Clémence Petit: Du coup, je me suis bien enchaînée. J’ai mis fin à une prestation d’accompagnement que je faisais depuis six mois avant de commencer la pilule rouge. J’ai continué encore après. Et en fait, c’était complètement désaligné. Ça m’a beaucoup appris, je ne regrette pas de l’avoir fait, mais c’était une approche d’accompagnement pour les femmes, sans aucune conscience, aussi sans aucune transparence, mais parce qu’aucune conscience du public visé, en réalité, qui était restrictif, blanc, plutôt bourgeois, enfin en tout cas à l’aise, en capacité de se payer ça, hétéro aussi, et ça ne s’était pas nommé, mais en fait, ça l’était à plein d’endroits. Et puis, avec vraiment cet ancrage New Age, au début, je me suis dit, en séance individuelle, ce n’est pas grave, je fais ce que je veux, sauf que c’était dans le cadre d’un programme, des accompagnements collectifs. un séminaire complètement inscrit là-dedans. Et à un moment, c’est devenu insupportable d’être dans Pilule Rouge et dans ce programme-là. Et donc, un renoncement, ça a été de dire stop à ça. En fait, je le vis plutôt comme une libération, mais de fait, c’était quand même renoncer à une sécurité financière. Donc même si je ne regrette pas et je pense que c’est une des meilleures décisions que j’ai prises ces dernières années, c’était quand même aussi un deuil. Et puis le deuil de se dire, je ne rentre pas dans cette case-là et je ne vais pas être acceptée par ces personnes-là, mais aussi ces personnes-là représentent une majorité en réalité. Et si je raconte le programme en question, je vais avoir plein de gens autour de moi, plein de femmes qui vont me dire c’est génial, alors que si je raconte la pilule rouge, je vais avoir un petit peu moins d’enthousiasme. Donc c’est aussi renoncer à ce truc-là facile, liant, qui permet de s’intégrer facilement quand même, d’être valorisé, d’avoir cette légitimité. Donc ça quand même, c’était un deuil. Assez important. Et puis, le deuxième gros deuil, à part certaines pratiques d’accompagnement, mais moi, j’en avais assez peu, je pense, par rapport à d’autres parmi vous. Mais l’autre, c’est le féminisme blanc. Alors, je crois que j’avais déjà un petit peu commencé à prendre des distances sans vraiment comprendre pourquoi. Mais alors là, ça a fait, ça a fait grosse rupture, alors beaucoup avec Mission Complice aussi, la conjugaison des deux. Et puis avec un des ateliers de Claire Constelaire, Dan Favier, puisque j’en ai fait aussi plusieurs. sur la pratique féministe, du coup. Et voilà, il y a eu une rupture vraiment. Et ça a aussi été un deuil et un renoncement dans le sens où, pour le coup, le féminisme a été ma première étape de repolitisation et aussi d’émancipation à certains endroits de ma vie et que, par ailleurs, c’était lié à beaucoup d’amitié. En fait, j’avais beaucoup de liens militants, amicaux autour du féminisme et que et que pendant un temps, j’ai eu un peu le même élan de rupture et puis finalement, je me suis dit peut-être pas, peut-être là, sur ce sujet-là, ça peut se faire autrement. Et du coup, d’ailleurs, ça s’est fait autrement et c’est plutôt le sujet de la décolonisation et l’anti-racisme qui sont venus. Je pense, malgré tout, même si je ne l’ai pas demandé ouvertement, mais notamment dans un collectif féministe dont je fais partie, où finalement, on a fait un cycle d’arpentage sur ces questions-là l’été dernier. Et je pense qu’à force de partager des choses, etc., ça met à l’agenda, en fait, quelque part, des thèmes autour de soi où les personnes commencent à se dire peut-être qu’on pourrait en parler. C’est vrai qu’on n’en parle jamais et voilà. Donc là, pour le coup, je suis contente de ne pas avoir rompu. Mais en revanche, avec le féminisme blanc, j’ai une distance, clairement. J’ai vraiment reconsidéré
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Clémence Petit: mon rapport à tout ce que j’avais pu lire et apprendre. Et aujourd’hui, j’ai cet esprit critique que je n’avais pas tellement c’était joyeux à l’époque. Pour moi, toutes ces lectures, ces podcasts, etc.
Stéphanie Campisi: Je veux bien prendre la suite sur la question des deuils. En fait, moi, plus que le deuil, j’ai l’impression d’avoir été en équilibre ou en déséquilibre plutôt entre deux espaces. Il y avait ce qui se faisait dans Pilule Rouge et puis mes espaces extérieurs. Et donc j’ai l’impression d’avoir été en tension et d’être toujours en tension avec l’extérieur et d’avoir une forme de grand écart, une forme aussi d’exigence vis-à-vis de mes espaces extérieurs. de me dire il se passe ça dans ce microcosme, on est un certain nombre, mais en fait à l’extérieur je ne retrouve pas ça. Et donc c’est cette tension entre l’extérieur et l’intérieur qui était compliquée à vivre. En plus moi je suis plutôt introvertie, je ne suis pas du genre à rentrer dedans et à exprimer ma voix. Et donc c’était Je vis toujours ces tensions-là à l’intérieur de moi, en ayant les discours à l’extérieur et en n’osant pas dire et en n’osant pas nommer à l’extérieur. J’ai une forme de… de figement, je pense, parce que je suis parfaitement en sécurité dans l’espace pilule-roule, mais à l’extérieur je me sens toujours en insécurité de dire, de nommer les choses telles qu’elles sont. C’est une forme de deuil, mais qui.
Virginie Carné-Bernard: Est.
Stéphanie Campisi: Qui est positive parce que je sais que je vais dépasser cette étape-là. Pour le moment, j’ai été dans une forme de figement, là je remets du mouvement à l’extérieur, mais ça a pris, j’avais l’impression d’avoir besoin de jeûner par rapport à l’extérieur, de me mettre en jeûne pour pouvoir intégrer tous les apprentissages et tout ce qui se faisait à l’intérieur de l’espace pilule-roule. Les premiers deuils, c’était très bête, mais je sais que je me suis désabonnée de plein de comptes sur Instagram où je me disais, c’est pas possible que tu continues à suivre ces personnes-là parce qu’il y a une dissonance qui est trop grande. Je ressentais déjà cette dissonance, mais je ne pouvais pas nommer ce qu’il y avait derrière. Là, je le nommais. Je ne dis pas que je ne suis pas encore abonnée à des comptes qui sont problématiques, parce que je n’ai pas envie de me mettre la pression d’une pureté militante qui serait très pure. Mais il y a une forme d’exigence, je pense, qui est donnée par l’espace pile rouge. Moi, je suis toujours dans cette phase de deuil. Je ne suis pas encore en reconstruction. J’ai déconstruit une partie. J’espère pouvoir laisser de la place à ma créativité, parce que pour se reconstruire, il faut pouvoir devenir créatif. Et pour être créatif, il faut que les bases soient solides et il faut qu’on puisse avoir le temps de mettre cette créativité en place. Donc je crois que ce temps de de rien et de mise en pause même de mes activités quasiment, il a été nécessaire parce que ma créativité pour reconstruire, elle ne peut pas se mettre en place s’il n’y a pas ce rien. Construire ça.
Lucie Bonato: C’est-à-dire, sur ce que tu disais Stéphanie, moi aussi je trouve que le premier deuil que j’ai fait, c’est un grand ménage des personnes que je suivais et même je dirais même parmi mes collègues. C’est-à-dire, il y a des personnes dont j’ai dû me séparer, on va dire ça comme ça, où je sentais bien que les discours n’allaient jamais évoluer, ou en tout cas pas pour le moment. Et aussi pour me protéger, j’ai décidé de ne plus parler à ces gens-là et de ne plus les fréquenter, de ne plus être dans leur espace, ce qui a fait, au niveau du deuil, un moment d’isolement. Un moment d’isolement parce que, voilà, c’est quand on pense pas tout à fait pareil que ce qu’on a l’impression. qui est la majorité. On peut se sentir un peu seul. Je trouve que c’est l’espace de deuil qui a été le plus difficile pour moi dans cette période-là. Aussi, comme disait Clémence, il y a des pratiques que j’ai totalement arrêtées. Pour donner un exemple très concret, il y a énormément de doulas qui pratiquent quelque chose qu’on appelle le soin Rebozo, qui est un rituel inventé, qui tire ses racines du Mexique, de l’Amérique du Sud, mais qui est inventé de toute pièce. et la réponse qui a beaucoup été, d’ailleurs je vous invite à regarder le travail d’Eugénia Korn sur le sujet, si ça vous intéresse un peu plus, sur le Rebozo, et ce qui a été fait par les personnes, c’est-à-dire elles ont entendu l’histoire de l’appropriation culturelle, elles ont dit oui, mais ça fait quand même du bien, donc on va continuer, mais on va changer le nom. Et j’étais genre, ah, je crois que vraiment. Et je suis encore dans cette période-là où
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Lucie Bonato: j’ai une sorte d’intransigeance, Et peut-être que ça va s’apaiser, peut-être que j’aurai de nouveau l’horaire ouverte et l’épaule pour consoler, mais actuellement j’ai l’impression que c’est plus du tout possible. Donc je trouve que c’est aussi un deuil à faire sur la posture que j’ai, où je pensais que j’étais capable d’être à l’écoute de tout le monde, etc. Et je pense que même sociétalement, on l’a vu ces derniers temps, que peut-être on n’a pas envie d’entendre tous les avis de tout le monde et que c’est ok de se couper des personnes qu’on Qu’on sait qu’on n’arrivera jamais à convaincre et avec qui on ne sera jamais d’accord. Et ça, c’est un deuil à faire, je trouve.
Virginie Carné-Bernard: Voilà. J’écoute avec attention et je ne sais pas vraiment où j’en suis, moi, dans tout ça. Je pense que, de toute manière, comme tout processus, le deuil n’est pas linéaire. Et du coup, je vais, je viens. Je fais des allers-retours, tout est en cours. L’outil qui m’a le plus posé problème, c’est l’EFT, que vous connaissez peut-être. C’est en gros de la régulation émotionnelle par tapping, par point de tapotement. C’est largement inspiré, voire pompé, approprié de la médecine traditionnelle chinoise, puisqu’on se base sur les points d’acupuncture. Il y a toute une très belle histoire aussi, il y a toujours des belles narrations autour de ces outils. C’est peut-être ça qui est très frustrant aussi d’ailleurs pour nous, accompagnants, accompagnantes, parce qu’il y a une belle narration et puis il y a des vrais effets. C’est un vrai truc. L’EFT peut rétorquer que oui, on a tous le même corps, on a tous le même système nerveux, on a tous les mêmes points de passage aux mêmes endroits et les mêmes méridiens, etc. Ce serait peut-être l’outil. Alors, il y a eu une forme de deuil parce que j’ai arrêté de l’utiliser pendant un moment, j’arrête de communiquer dessus, ça ne fait plus partie, par exemple, de ma carte de visite, de ma plaque, ce genre de choses. Mais c’est un outil que j’utilise encore de temps en temps. Je parle juste du tapping, petit à petit, des centres aussi vraiment du protocole, de la méthodologie telle qu’on me l’a enseigné, etc. Mais il y a un mais. Il y a un mais qui n’est pas du tout satisfaisant et je ne sais pas comment reconstruire, je ne sais pas comment continuer de déconstruire en reconstruisant, de me réapproprier ma désappropriation. Il y a tout un truc un peu comme ça qui me fait un peu bugger, cognitivement je l’avoue, qui me fait tourner en rond. C’est aussi pour ça d’ailleurs que j’ai l’élan de retourner dans Pilule Roule dans pas longtemps parce que Je sens bien que, et tu parlais d’isolement, Lucie, merci. Moi, je me suis sentie vraiment très isolée, en fait, dans tous ces mois de pilules rouges, isolée. Alors, OK, il y avait la communauté que Pilules Rouges a créée et en ligne, en fait, j’ai pu m’appuyer sur beaucoup d’entre vous et d’autres qui ne sont pas là aujourd’hui, mais de manière physique, dans ma vie vraiment matérielle, du quotidien, géographiquement. En fait, je n’avais pas grand monde à qui en parler. Et puis, s’il y avait eu, je ne sais même pas vraiment ce que j’aurais pu en dire parce que c’est tellement long à raconter. C’est tellement dense à dire pourquoi je voudrais me séparer de l’EFT. En fait, c’est comme s’il fallait tout raconter pour que je puisse espérer recevoir de l’aide sur comment reconstruire. Je ne sais pas si c’est très clair ce que je dis. Et du coup, comme je n’ai pas eu envie de raconter encore, du coup, je n’ai pas pu vraiment reconstruire. Et je sais que c’est des questions qu’on s’était posées avec d’autres participants de Pilule Rouge, de peut-être en parler entre nous, de mettre aussi en commun les outils qu’on a besoin d’abandonner et pouvoir réinventer quelque chose ensemble, ne serait-ce que la narration, en fait, même si l’outil en tant que tel… Je ne sais pas. Et ça, c’est déjà un deuil en soi, peut-être mon attente inconsciente d’avoir des réponses toutes cuites qui me tomberaient de la part de pilules rouges. Ça n’arrivera pas. Et il va falloir que je chemine et que je trouve ma manière à moi. de faire et de reconstruire. Donc voilà, je sais que ça fait partie aussi des choses dont tu veux parler, Elsa, cette reconstruction, les nouveaux outils. Mais voilà, pour moi, c’est intrinsèquement lié au deuil. Et à la fois le deuil et à la fois la reconstruction, c’est vraiment un truc là qui est en process. Et je sais que c’est là, je l’ai senti, le deuil, à plein de moments. Mais
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Virginie Carné-Bernard: je sais pas, j’ai du mal à en parler, à mettre des mots dessus, à le verbaliser vraiment, à dire… précisément qu’est-ce que ça concerne.
Elsa Couteyer: Merci Virginie. Merci de poser comme ça vient, je l’ai dit en introduction, c’est vraiment la première fois où on se retrouve collectivement pour parler de tout ça. C’est des processus qui sont largement encore en cours, qui sont largement multidimensionnels et très émotionnels, donc c’est totalement ok. Moi si je devais répondre à la question des deuils et des renoncements, alors il y en a énormément. C’est une question qui m’a obsédée ces derniers mois d’ailleurs, Mes consoeurs peuvent m’en attester, j’avais envoyé un message sur le circle de la pilorouche pour dire bon, j’aimerais bien qu’on parle des deuils et des renoncements depuis qu’on a commencé. Et donc moi, de mon côté, j’avais commencé à essayer de répondre à la question, je crois, il y a environ un an. J’ai essayé de m’y atteler à nouveau en mai dernier ou printemps dernier. Ça a été très difficile. J’ai essayé de refaire une version 2, il y a encore quelques jours, pour préparer cette table ronde-là et même un épisode solo pour revenir sur tout ça. Donc c’est pas une petite question. Et donc quand je dis qu’il y en a eu énormément, moi je crois que l’un des plus gros deuils, renoncements, qui est encore en cours mine de rien, c’est sûr, c’est tout ce qui est lié en fait à ce que je nomme la working girl. la boss girl, le modèle qu’on a pu avoir beaucoup dans le monde de l’entreprenariat et aussi même dans le monde de l’accompagnement, de cette personne qui réussit tout, qui a tout compris, qui a un super chiffre d’affaires, qui a arrêté de vendre son temps pour de l’argent, toute cette structuration. capitaliste. Et comme je disais, c’était vachement en lien aussi avec mon côté work alcoolique, cette confluence entre mon productivisme et l’estime de moi-même et la valeur en fait que je pouvais me donner, que la valeur que les gens pourraient me donner. Ça, ça a été vraiment un renoncement, un deuil vraiment sur le long cours. Concrètement, qu’est-ce que ça a donné ? En juin 2023, après, depuis 2017, je travaillais en cabinet et donc en juin 2023, je décide de rendre les clés de mon cabinet. qui pourtant avait représenté pendant des années un objectif, un idéal en soi, quelque chose que j’avais absolument envie d’atteindre et que j’avais réussi à atteindre, dont j’étais très fière, et qui quelque part, semaine après semaine, mois après mois, commençait à complètement perdre de son sens. Ce qui a fait que concrètement j’ai arrêté aussi les journées type 9h-18h avec 6-7 séances d’affilée dans la journée. Ça a complètement changé aussi ma manière d’organiser mon agenda, d’organiser mes journées, d’organiser mes sessions. J’ai remis du temps au temps, remis des espaces de repos, des espaces de digestion, d’infusion. Mais clairement, la conséquence a été aussi, comme l’une d’entre nous l’a mentionné, un arrêt d’une forme de sécurité financière. Clairement, ça a été vraiment un choix conscient de me remettre en insécurité financière. d’essayer de me détacher de cette notion capitaliste de l’accompagnement, mais qui concrètement a des conséquences sur ma vie de tous les jours encore aujourd’hui, dans mon quotidien. Moi, je me rappelle très bien que mon compagnon, quand j’ai annoncé le fait que je voulais arrêter mon cabinet, il m’a dit « mais tout ça pour ça quoi !
Clémence Petit: ».
Elsa Couteyer: Et c’est vrai que c’était normalement la concrétisation de tant et tant d’années et d’efforts, Ouais, d’éléments qui avaient mis du temps à éclore. Et il m’avait dit en rigolant, il m’a dit de toute façon ça ne m’étonne pas de toi, c’est jamais simple avec toi. Donc voilà, avec toute la douceur qu’il a, c’est aussi des conséquences sur moi, ma vie professionnelle, mais aussi ma vie personnelle, mon couple. Donc ça a été en fait aussi tout ça, ses deuils, ses renoncements. Et d’ailleurs que j’ai pu quand même réaliser parce que j’étais en équipe aussi avec mon compagnon. Certes, c’est moi qui est membre de la pilule rouge, mais derrière aussi j’ai du soutien. J’ai une arrière-base solide qui m’a permis aussi d’aller jusqu’au bout de ça. Alors lui, il sauve le capitalisme, mais quelque part, il faut bien qu’il y en ait un des deux qui puisse le faire. Moi, je sais qu’arriver avec la pilule rouge, ce n’était plus du tout possible. Au niveau des eaux de deuil, ça a été nommé, c’est le deuil de certaines relations, c’était Lucie qui en parlait très bien, les collègues, les mentors, j’ai fait tout un travail de mise à jour de lien avec certaines personnes et parfois j’ai dû couper certains liens. Et quand je dis aussi les mentors, c’est aussi un deuil d’un lien avec des personnes qui ont été importantes à un moment donné dans ma vie, mais que j’ai dû replacer au bon endroit. Parce que sinon, ce n’était pas du tout cohérent, congruent pour moi. Il y a aussi quand même un deuil beaucoup plus global, quand je parle des mentors, c’est aussi ce qu’on ressent dans la pilule rouge, c’est que comme on remet tout en question et qu’on se rend compte que tous les courants de pratique sont des constructions humaines et donc
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Elsa Couteyer: qui peuvent témoigner d’oppression systémique, C’est aussi de se rendre compte que toute la légitimité qu’on peut chercher, toute la valorisation de nos formations, de nos outils, tout ça, il faut y renoncer. Quelque part, ça n’a pas vraiment de valeur ou ça n’a plus de valeur à partir du moment où on est dans un paradigme décolonial. Et ça, quand vous êtes depuis l’âge de 3 ans lié au système scolaire, ou en gros quand vous avez des bonnes notes, ou quand vous avez la bonne certification, vous avez une certaine valeur, ça demande un sacré courage de dire fuck du jour au demain à ce système scolaire qui est en fait un système sociétal très très global, et quand même, bien même on est des adultes, on est quand même complètement liés. ça demande en fait quelque part une vraie sortie du système scolaire, même en tant qu’adulte, et de se dire je vais faire sans outils, je vais faire sans certification, je vais faire à ma sauce, je vais tracer ma route, je vais peut-être moi-même créer ma pratique d’accompagnement, et ça aussi finalement c’est un renoncement qui est vertigineux, moi qui m’a énormément brassée puisque j’étais aussi une personnalité assez scolaire à la base. Il y a aussi cette prise de conscience, ce renoncement que oui je ne peux pas accompagner tout le monde, que même si c’est pour le mieux, je ne peux pas accompagner tout le monde. Donc il y a un renoncement aussi à l’être la thérapeute universelle. Ça c’est très libérateur mais à un moment donné c’est que je ne peux pas, je ne veux pas accompagner tout le monde. soit pour, bien sûr, des convictions idéologiques, des convictions politiques, mais aussi parce que, de toute manière, je suis une personne blanche, valide, toutes ces notions de privilèges, et que je ne serais pas la bonne personne pour d’autres personnes. Et d’assumer ça et de le dire haut et fort, aussi, ça peut provoquer certains deuils. Et je pense que, globalement, et ça c’est surtout depuis le 7 octobre dernier, avec tout ce qui se passe en Palestine depuis le 7 octobre dernier, moi j’ai vraiment aussi eu un gros deuil concernant la notion de changement. Moi j’ai été formée à l’hypnose qui est souvent décrit comme un outil d’accompagnement à la thérapie brève orientée solution. Et que mine de rien, qu’est-ce que ça veut dire quand une thérapie orientée solution ? On dit souvent une thérapie orientée changement. c’est qu’il y a un problème et il y a une solution, c’est-à-dire qu’il y a un événement qui est on et il faut le mettre off. Et pourquoi je fais le lien avec la Palestine, c’est que moi je me suis pris une grosse claque avec la pilule rouge, parce qu’on en a quand même beaucoup parlé, heureusement, avec le fait que comment je peux accompagner quand peut-être de ma vie je ne verrai pas les changements qui sont liés à ce que je contribue au présent, peut-être que dans mon espace de vie je ne verrai pas les changements qui sont liés à dans des rêves, des aspirations, comment on accompagne quand finalement il y a une chose qui ne va pas changer ou qui ne changera vraiment pas tout de suite ou vraiment pas pas de si tôt. Et ça c’est très très fort parce que finalement souvent en tant qu’accompagnante ou accompagnant on se dit on accompagne pour aider, on accompagne pour que ça aille mieux. Mais comment on fait pour apprendre vraiment à accompagner quand finalement ça se trouve ça ira jamais mieux ou ça ira vraiment pas mieux comme ce qu’on pourrait le définir. Ça, ça a été un gros, gros deuil, un gros renoncement. Et donc apprendre à accompagner véritablement autrement. Et sinon, pour terminer, c’est… Je dirais que c’est ce qui a été dit, finalement, par mes consoeurs aussi, c’est une forme globale de renoncement, de deuil à la paresse. Je pense qu’il n’y a plus le droit à la paresse, la paresse intellectuelle, à la paresse émotionnelle. Qu’il y a, par conséquent, un deuil aussi de la solution parfaite, une forme de perfectionnisme. Et de se dire que… l’action, l’action, la réflexion sont vraiment indispensables et qu’il y a un deuil de l’inaction, il y a un deuil de ce que je disais, de la paresse, tout simplement. On pourrait dire bah oui, heureusement, bah oui mais parfois en fait c’est aussi un deuil à une certaine forme de confort et donc à certains privilèges et que ça aussi c’est des processus au long cours et c’est pas des éléments on-off. Je te laisse la parole Clémence. Du coup, je vais aussi réagir sur ça.
Clémence Petit: Je ne sais pas si moi je dirais un deuil à la paresse, je dirais peut-être à l’indifférence, parce que je pense que, en tout cas moi, notamment avec le cycle du repos, je pense que c’est chouette aussi de pouvoir cultiver cette paresse ou cette déconnexion à certains moments, se lâcher aussi la grappe à certains moments. Mais effectivement, je voulais rebondir sur ce que tu disais Là, on a parlé pas mal des liens, dans quoi on s’inscrit. Et effectivement, moi, je crois que c’est ça qui peut être le plus dur. À certains moments, c’est ce sentiment de solitude, de fatigue, d’isolement parfois, plus que de la solitude, y compris dans le collectif. Il y a plein de moments où je suis dans un groupe et j’entends des trucs et je me dis et toute une part de moi est en train de se dire est-ce que j’ouvre ma bouche, est-ce que non, oui mais alors là du coup j’ai plus du tout envie d’être là, je suis toute seule et puis après je peux partir un peu comme ça dans mes pensées et ben voilà me voilà
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Clémence Petit: toute seule dans ce groupe alors parfois je cherche du regard des gens qui sont en train de se poser des questions aussi mais ça ça peut être dur de garder cette posture là et Et donc il y a un peu ce deuil du confort, ce que je disais, du confort d’appartenir, d’être là simplement et de ne pas se poser ces questions-là. Et en même temps qu’elle gagne, enfin ce n’est pas le mot, Mais cet esprit critique et cette compréhension de… Mais pourquoi est-ce que je suis amenée à faire ça alors même que je n’y crois pas trop ? C’est quoi ces forces qui nous poussent en fait à prendre ces positions, à porter ces paroles-là parfois alors qu’on n’y croit qu’à moitié, à faire des choses qui nous fatiguent ? C’est aussi tellement bon. Mais il y a un peu ce truc de… Alors, je ne sais pas si c’est un deuil, mais en tout cas, ça réduit considérablement le nombre d’espaces safe, en fait, de relations safe. Et donc, moi, en réaction, ça me met un peu le feu d’ancrer. d’en créer le plus possible chacune et chacun, pour que ce ne soit pas que des espaces qu’on crée nous-mêmes, pour nous-mêmes et pour les autres, et que ce soit aussi des espaces où on puisse aller chez nos collègues, chez d’autres personnes de leur réseau, en se disant, là, je sais, je vais retrouver cette grille de lecture et je vais pouvoir retrouver un peu ce confort et ce lâcher prise, en tout cas, cette détente, tout en étant dans la même conscience.
Elsa Couteyer: Et voilà la team de Turfu, c’est.
Elsa Couteyer: Tout pour cet épisode d’Accompagnante. J’espère que vous avez kiffé autant que moi et que vous repartez avec votre dose de po-po-po-power. Rappelez-vous, Accompagnante c’est un podcast et c’est aussi un espace, une communauté qui a besoin de votre force pour grandir. Alors pensez bien à vous abonner au podcast et à laisser une note et un avis sur votre plateforme d’écoute préférée. C’est totalement gratuit mais votre soutien n’a pas de prix pour moi, alors vraiment merci, merci en fait de prendre ce temps-là. Et si vous voulez soutenir Accompagnants par le pouvoir de l’argent, vous pouvez le faire via un don libre, c’est totalement possible, je vous mets le lien de la cagnette en description. Et d’ailleurs, en description, vous pouvez aussi retrouver toutes les ressources mentionnées dans l’épisode, et pour aller plus loin, c’est sur mon site internet, elzacouteiller.com.
Elsa Couteyer: La Team. Si vous avez aussi envie de partager.
Elsa Couteyer: Vos tips concernant l’épisode, si vous avez des questions, des idées de sujets ou des invités que vous aimeriez entendre dans de futurs épisodes, vous pouvez me contacter sur Instagram à atElsaCoutelier. En attendant, continuez à repolitiser votre pratique d’accompagnement et à être des véritables révoltés dont le monde d’aujourd’hui a besoin.
Elsa Couteyer: Merci d’avoir été avec moi aujourd’hui et.
Elsa Couteyer: À très bientôt pour un nouveau rendez-vous d’accompagnante.
Elsa Couteyer: Je vous dis à plus dans le.
Elsa Couteyer: Bus de la Révolution et prenez bien soin de vous. On va donc déconstruire les normes et.
Elsa Couteyer: Je veux que ça change.
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